Une infrastructure abandonnée, malgré sa conformité
La station d’épuration de Planes del Rei est en bon état de fonctionnement. C’est ce qu’atteste un certificat officiel délivré le 2 mai 2017 par l’organisme indépendant BSI Management Systems, spécialiste des normes ISO. Cette certification, valable jusqu’en mai 2020, confirme que l’installation est conforme et opérationnelle.
Pourtant, la mairie de Pratdip a fait le choix de ne pas assurer sa gestion, ni de collaborer avec l’Agence Catalane de l’Eau (ACA). Résultat : la station a été arrêtée, au mépris de toute responsabilité publique. Cette décision expose directement l’environnement à une pollution massive, les eaux usées étant désormais rejetées dans le ravin du Barranco, avec un risque avéré de contamination de la nappe phréatique alimentant L’Hospitalet de l’Infant, Miami Platja et Mont-roig.
Des faits établis… et ignorés
Les conséquences ne se sont pas fait attendre : odeurs pestilentielles, prolifération de rats dans l’urbanisation, et surtout risque écologique majeur. La rivière du Llastres, dans laquelle les canalisations de la station se déversent aujourd’hui, traverse un aquifère qui fournit l’eau potable de plusieurs communes environnantes.
Informés par courrier de la situation, les maires de L’Hospitalet de l’Infant, Miami Platja et Mont-roig n’ont pas réagi publiquement. Et pourtant, ils ont été officiellement alertés par l’association de résidents Les Planes del Rei (SOS Planas), ainsi que par le conseiller municipal Óscar Serrano, du groupe Avança Pratdip. Deux habitants ont même saisi la Cour européenne pour dénoncer l’inaction des autorités locales et nationales.
Une station construite par les habitants, abandonnée par la mairie
L’existence même de cette station d’épuration est le fruit d’un effort collectif. En 1977, les propriétaires de Planes del Rei ont financé sa construction à leurs frais, sans l’aide ni de l’État ni de la municipalité. Ce geste, guidé par un souci de santé publique et de respect de l’environnement, a permis d’équiper l’urbanisation d’un système moderne et durable.
En 1993, une décision de justice a acté le transfert de la propriété des infrastructures de l’urbanisation à la mairie de Pratdip : rues, éclairage, réseaux, zones vertes, et bien sûr, station d’épuration. Et plus récemment, la justice a ordonné la dissolution de l’EUCC (Entité Urbanistique Collaborative), structure créée à l’époque par la mairie pour gérer ces services. Cette dissolution rend la municipalité pleinement responsable de l’entretien de ces équipements.
Témoignage d’un expert
Juan Oliver, ancien architecte technique municipal de Vandellòs et L’Hospitalet de l’Infant, et ex-propriétaire à Planes del Rei, tire la sonnette d’alarme dans une vidéo-témoignage. Il y dénonce l’abandon de la station d’épuration et l’irresponsabilité des autorités locales face aux risques sanitaires et environnementaux encourus.
Des précédents européens accablants
L’Espagne a déjà été condamnée par la Cour européenne de justice le 25 juillet 2018 pour des manquements similaires en matière d’assainissement. Ce précédent démontre que les autorités espagnoles ne peuvent ignorer plus longtemps leurs obligations légales et environnementales.
Une mobilisation nécessaire
Face à cette situation, les habitants et les associations ne baissent pas les bras. Des courriers ont été envoyés, des actions en justice entreprises, et des preuves accumulées. Mais sans une prise de conscience collective et une pression publique forte, les autorités continueront de détourner le regard.
Dans le contexte actuel de crise climatique mondiale et à l’approche des échéances de la COP25, il est plus que jamais temps d’agir. La gestion de l’eau, l’assainissement et la protection des ressources naturelles ne sont pas des options. Ce sont des droits.
Partageons massivement cette information. La santé de milliers de citoyens est en jeu.
Association de Vecinos Les Planes del Rei (SOS Planas)