Depuis des années, les relations entre les habitants de l’urbanisation Les Planes del Rei et la mairie de Pratdip sont tendues. Aujourd’hui, le conflit semble dans l’impasse. Une centaine de résidents réclament la mise en place des services minimums : eau potable, voirie, éclairage, propreté… Des droits fondamentaux qu’ils estiment bafoués.


Des habitants en colère, une mairie sur la défensive

Les résidents dénoncent un sentiment d’abandon. L’eau potable est parfois coupée, les rues sont mal entretenues, les installations électriques vieillissantes. Ils estiment que le conseil municipal ne respecte pas ses obligations et refusent de rester silencieux. Une manifestation a été organisée dans la rue principale de l’urbanisation pour donner de la visibilité à leur cause.

Oscar Serrano, conseiller municipal du groupe électoral « Uni per Planes del Rei », demande un véritable engagement politique de la mairie. Il accuse l’équipe municipale d’ignorer les besoins élémentaires des habitants.


La réponse de la mairie : « Nous ne pouvons pas agir »

De son côté, la mairie de Pratdip justifie son inaction par des raisons juridiques : tant que l’urbanisation n’est pas officiellement réceptionnée, elle reste considérée comme privée. Selon le maire, cela empêche la commune d’intervenir légalement, notamment sur le réseau d’eau ou l’électricité.

Un accord sur l’eau en suspens

Un projet d’accord est actuellement à l’étude entre le conseil comarcal du Baix Camp et la mairie de Pratdip pour permettre à la société de gestion de l’eau d’assurer le service aux Planes. L’objectif : garantir un service de base sans hausse du tarif au moins pour l’année 2018. Le projet prévoit également qu’un plan directeur soit rédigé pour identifier les investissements nécessaires (réparations, remplacements, améliorations). Mais pour l’heure, aucun consensus politique n’a permis la signature de l’accord, ce qui inquiète même la municipalité.


Un centre culturel en attente de budget

En parallèle, l’urbanisation attend la finalisation d’un projet lancé en 2016 : un centre de promotion touristique et culturelle. Les travaux ont commencé, mais leur achèvement dépend de l’approbation du budget municipal 2018. D’un montant supérieur à 190.000€, le projet est financé en partie par une subvention de la centrale nucléaire de Vandellòs. S’il se concrétise, il pourrait accueillir une salle d’exposition et un point d’accueil touristique, avec un poste de travail permanent. Mais si les comptes ne sont pas validés, le projet risque d’être reporté.


Des investissements municipaux revendiqués

La mairie affirme avoir tout de même investi plus de 230.000€ dans l’urbanisation en 2017, sur un budget global de 1,3 million d’euros. Ces dépenses incluraient l’entretien de la piscine municipale (environ 19.000€), la création d’une ligne de bus (22.000€), et des réparations ponctuelles en cas d’urgence.


La réception toujours reportée

Le processus de réception de l’urbanisation progresse lentement. La reparcellisation des terrains a tout juste été finalisée et publiée au Bulletin Officiel. Les habitants disposent de deux mois pour présenter un recours administratif.

Les étapes suivantes incluent l’enregistrement des propriétés au cadastre de Falset, puis des travaux devront être réalisés pour améliorer les services de base. Mais Oscar Serrano conteste les critères d’évaluation utilisés, qu’il juge obsolètes : les barèmes appliqués remonteraient à plus de dix ans et ne correspondent plus à la valeur actuelle des biens.

Une étude antérieure estimait les travaux nécessaires à plus de 6 millions d’euros. Ce document doit aujourd’hui être révisé et les travaux divisés par tranches.


L’EUCC dissoute, les responsabilités en suspens

Le conflit s’est également déplacé sur le terrain judiciaire. Le Tribunal Supérieur de Justice de Catalogne (TSJC) a récemment confirmé la dissolution de l’EUCC (Entité Urbanistique de Collaboration pour la Conservation). En liquidation, l’entité affirme ne plus avoir de budget pour effectuer les travaux.

Face à cette impasse, le maire envisage la création d’une association de quartier chargée de collecter les charges auprès des propriétaires. Une proposition loin de faire l’unanimité.


Une histoire de plus de soixante ans

L’urbanisation Les Planes del Rei existe depuis plus de soixante ans. Mais jamais la mairie de Pratdip n’en a assumé pleinement la gestion. Aujourd’hui, le blocage perdure, et les habitants s’interrogent : combien de temps encore devront-ils attendre pour bénéficier des droits élémentaires que garantit la loi ?

Ariadna Escoda Padilla / Laura Roig

canal_reus

Share This